Saturday, December 19, 2009

Savoir se perdre avant de se retrouver

Acheter SAVOIR SE PERDRE AVANT DE SE RETROUVER

Sunday, February 15, 2009

La profanation de mes souvenirs I

Il etait une fois a Bucarest une petite fille dans les yeux de laquelle le monde dans lequel elle vivait etait un monde privilegie. Elle eut la chance de rencontrer un grand nombre de personnes qu'elle a pu observer dans le moindre detail et avec lesquelles elle a construit un edifice affectif qu'elle allait emmener avec elle jusqu'a la fin de ses jours. Ce fut un monde serein qui avec le temps se dissipa comme des photographie dont la couleur allait faner a cause de l'usure.
Elle ne pouvait pas s'imaginer a ce moment de sa vie que ces gens allaient disparaitre dans le neant. Avec leur disparition, tout ce qui les entourait allait de decomposer. Elle garda ces souvenirs comme des tresors caches qui meritaient d'etre exposes a ce que les gens s'en souviennent. Mais qui allait s'en souvenir? Qui serait encore la pour se rappeller des ces moment, de ces personnes, de ces lieux? Qui aurait la memoire aussi vive et fraiche pour se souvenir des petits details qui allaient etre peints dans ses narrations? Tres peu de gens allaient decouvrir un jour que le pire ennemi de l'etre humain est l'oubli.

J'ecris un memento pour que les gens se rappellent.
Ces mots peuvent faire reference a des souvenirs que tres peu d'entre vous avez de ces instans precis. Mais vous pouvez tout simplement honorer la memoire de cette epoque, des gens qui ne sont plus la et de leur histoire, en lisant mes propos.

La petite fille qui a grandi c'est moi. Je n'avais pas l'age encore de me rendre compte de ce qu'est la mortalite. J'ai ete entrainee dans la fabuleuse histoire d'un batiment, des personnages qui ont vecu la-bas, de leur vie...
J'ai eu l'acces au labyrinthe secret d'une generation qui n'existe plus ou dont ses representants se chachent parmi leur bibliotheques, des meubles anciens, des souvenirs et qui attendent plus ou moins paisiblement leur tour sur leur dernier chemin.
Pour moi le debut de la fin a ete la mort de mes grand-parents qui sont partis sans que je realise tres bien ce que cela allait signifier pour moi. Des lumieres se sont eteintes et plus personne ne les allumerait a nouveau. J'ai ete submergee par un silence trop pesant. Le temps s'ecoulait, les moments aussi... comme dans une passoire... Je ne pouvais garder que les grands souvenirs.
En bas de mon immeuble, au rez-de-chaussee, vivait une famille de medecins que j'ai garde dans le coeur. Leur souvenir m'est tellement present a l'esprit et me hante presque la memoire que quoi que je fasse ce couple de gens merveilleux apparaissent et ne me laissent pas oublier notre histoire. C'etait notre moment et j'allais m'en souvenir pour le restant de mes jours. Je me souviens de petits details, les airs de chansons francophones qui passaient dans un cassetophone demode, la couleur des verres, les assiettes, les parfums qui venaient de la cuisine de dinde ou d'agneau roti au four, des soirees ou il etait presque possible de couper la fumee de cigarette avec un couteau, les conversations sur l'histoire, les souvenirs d'enfance ou de guerre, le gros chat orange "Teophile" et les fauteuils en velours bordeaux, aux bords carres, orientes vers la tele.
Je me rappelle du seul jouet de la maison (car le couple n'avait pas d'enfants) un chien en peluche fabrique avec de la vraie fourure noire et avec un noeud papillon rouge, les photos de jeunesse du couple, les livres en francais et en roumain, les tableaux et les bibelots, les sapins de noel, les festins a l'occasion des grandes fetes... tout etait comme dans un compte qu'on ne trouve que dans les bibliotheques... Helas. Moi je l'ai vecu. Et je me dois de me rappeller de cette magnifique histoire qui est la leur, qui est la mienne...
Aujourd'hui le silence a envahi ce monde, la cortine est tombee et ce monde a disparu grace a la"bien veillance" de ceux qui sont restes. Il ne me reste qu'a m'en souvenir et a raconter.